mercredi 13 janvier 2010

Compositions Audiovisu'Elle... par Sydney Poma




Cette pianiste et compositeur française, résidant à Paris, écrit et interprète une musique très intériorisée, éminemment subjective, subtilement évocatrice, inspirées par des émotions intimes qu'elle essaie de transmettre avec exactitude, en accordant à chaque fois une grande importance au respect de l'image et du thème choisi. Pour elle, la composition audiovisuelle se doit d'être le reflet du jeu de l'acteur, et s'affirmer comme une évidence face au ressenti du téléspectateur. Cet album se présente habillé d'une image qui fut à l'origine d'un mini-débat lors de sa sortie sur Jamendo. Ce portrait presque frontal dérangea, peut-être parce qu'il était trop nature, trop direct, et que beaucoup aurait souhaité plus d'abstraction. Mais le propos du disque était bien d'emmener l'auditeur à la rencontre de sensations intérieures vivantes, mouvantes, et proches d'un quotidien perçu à la manière d'un Éric Rohmer. La première chose qui me frappe c'est ce regard, vif, entier, porté haut, animé d'un espoir, d'une attente qui monopolise immédiatement l'attention, et je me demande à chaque fois ce qu'ils regardent, ces yeux, avec tant d'attention et tant de sincérité. Cette photographie, parfaite, intemporelle, illustre parfaitement le contenu de l'album et a su s'imposer comme en étant une traduction visuelle idéale. Quand à la musique, on a droit à de vraies compositions, sensibles et pudiques, et Dieu sait que là, la thématique était casse-gueule. Il était tentant de se laisser aller au sentimentalisme et à la mélancolie sirupeuse, aux effets faciles... Et c'est ici que se dévoile toutes les qualités de l'œuvre. Sydney Poma a su trouver perpétuellement la distance exacte avec son sujet pour nous captiver sans jamais nous mettre en situation de voyeurisme. Il y a un jeu incessant et très subtil entre ce qu'elle décide de dire et ce qu'elle choisit de cacher, un sens de la métaphore musicale extrêmement poussé et qui donne beaucoup de profondeur à ces différents titres. Et puis il y a surtout cette volonté de toujours surprendre son auditeur, de l'emmener là ou il ne s'y attendait pas, de ne pas lui donner ce qu'il attend justement... et cette capacité à inventer de la nouveauté sur des thèmes forcément galvaudés est la marque d'un grand talent.. Il y a pas mal de musiciens classiques sur Jamendo, je crois que peu d'entre eux savent s'élever à ce niveau d'exigence. Un autre album suivra, tout aussi réussit quoique ne disposant pas de la cohérence narrative du premier. Légèrement différent également dans la démarche, effleurant les émotions sans s'y abandonner (moins d'évocation, plus d'illustration). on retiendra sur ce deuxième opus 'Magic Box', cadeau très très étrange et intrigant, 'Blood' emprunte de gravité subtile. Et surtout trois titres qui renouent avec la sensibilité particulière de l'album précédent. 'Auschwitz' ou l'on ressent interrogation profonde et douleur incrédule, 'wimming Pool' légèreté troublante traversée de transparences ineffables et 'About me' qui trouve un ton charmeur délicieux le temps de quelques courtes confidences.

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